Parmi les attentes des futurs acquéreurs d’un logement, le critère de la «suite parentale » a de plus en plus la côte. Après l’article précédent consacré à la définition de la « chambre parentale » (et à ses conventions de superficie qu’il ne faut pas hésiter à bousculer), intéressons-nous donc aujourd’hui à la « suite parentale » : l’espace rêvé de tous les parents ayant une haute opinion de l’impérieuse priorité de leur confort sur celui de leur progéniture (j’exagère à peine…).

Qu’est-ce qu’une « suite parentale » ?

On définit comme « suite parentale » tout espace comprenant, en plus de la chambre des parents, et de façon contiguë, au moins une salle d’eau (ou salle de bain) et un espace de rangement type dressing (ou éventuellement un très grand placard). La « suite parentale » (synonyme de « suite adultes ») peut aussi comporter un coin bureau et/ou un coin salon. Le minimum consiste à concilier les 3 fonctions de sommeil, toilette et rangement. Pour parler de « suite parentale », les 3 pièces correspondant à ces 3 fonctions doivent obligatoirement communiquer (pas question de passer par un couloir pour aller de la chambre à la salle de bain !) ou être contenues dans un seul espace (non cloisonné).

chambre-vintage_taverne-agency_elle-maisonUne suite toute blanche dans un esprit un peu désuet pour les adeptes du style « shabby ». Une banquette ancienne est adossée à la montée d’escalier et la baignoire à pattes de lion trône au milieu de la chambre sur un parquet blanchi ! L’esprit pratique ne semble pas être la préoccupation première, mais d’un point de vue de l’harmonie des couleurs, il n’y a pas de faute de goût ! Photo : Taverne Agency.

 

Avantages et inconvénients de la « suite parentale »

Après avoir exposé le plus exhaustivement possible les arguments en faveur de l’ouverture de la salle de bain sur la chambre et de l’ouverture de la cuisine sur le séjour, voici maintenant un essai de réponse à « Pour ou contre la suite parentale ? ». A priori, on conçoit mal d’être contre. Il ne faut pourtant pas négliger les contraintes techniques ni celles inérantes à la vie familiale.

Les principaux atouts de la suite parentale :

  • Le confort : Pas besoin de circuler dans les couloirs pour aller faire sa toilette ou choisir la tenue du jour dans un placard partagé par autrui.
  • Le gain de temps : Tout avoir sous la main, c’est toujours 5 minutes gagnées à paresser au lit !
  • L’intimité du couple : Pas besoin de partager la salle de bain avec celle des enfants. Chacun chez soi, selon son âge et ses besoins.
  • L’aspect pratique : L’aménagement d’une pièce d’eau supplémentaire fluidifie le fonctionnement de la famille au quotidien en évitant la bousculade à la porte de la salle de bain. Ne pas avoir à attendre que l’ado de la famille ait fini son rituel de longues ablutions matinales, quel bonheur ! Un vrai bonus aussi si on a des horaires décalés et que la douche est un peu bruyante.
  • La tendance à séparer « l’espace nuit » de « l’espace jour » permet de moduler l’habitation en « blocs » distincts, quasi indépendants, en réservant les pièces moins lumineuses à la nuit.
  • L’agencement et la décoration de la salle de bain : si la pièce d’eau n’est utilisée que par des adultes, le choix « douche ou baignoire ? » voire « douche et baignoire » est beaucoup plus ouvert que pour des petits qui ont absolument besoin de barboter… et de disposer de joujoux de bain pas toujours décoratifs !

Les principaux inconvénients de la suite parentale :

  • Dans les grandes maisons, l’espace n’est pas un problème, mais dans les logements de taille moyenne, la suite parentale empiète évidemment sur les mètres carrés communs de la maison.
  • Dans une suite parentale, la salle d’eau est bien souvent ouverte sur la chambre. Préserver l’intimité du couple se fait alors souvent au détriment de l’intimité personnelle…
  • Le coût en rénovation : Si la configuration des lieux s’y prête mal, le prix des arrivées d’eau, canalisations d’évacuation, ventilation, raccords de sol, reprise des plafonds, etc. peut s’avérer plus élevé que prévu.

suite_parentale_visite_decoSuite parentale aménagée dans les combles. La partie chambre est séparée de la partie rangements (étagères en soupente) et de la salle de bain par une large porte coulissante vitrée. Photo Visite déco.

Quelle superficie pour une « suite parentale » ?

Sachant que la taille communément admise pour une chambre parentale est de 12m², on estime qu’un espace minimum de 12 à 15m² est nécessaire pour réaliser une suite parentale. La solution consistant à intégrer la salle d’eau à la chambre est celle qui utilise le moins de surface, mais elle nécessite (pour être vivable au quotidien !) d’utiliser des astuces de cloisonnement de l’espace.

Dans l’article fort complet « Suite parentale : les questions à se poser avant de se lancer » sur Maison & travaux, on peut lire le bon conseil suivant : « Ne perdez pas de vue que les mètres carrés attribués là, sont autant de mètres carrés retirés ici. » Evidence qu’il n’est pas inutile de rappeler ! Avant tous travaux, l’étude approfondie du projet s’impose. Il faut se poser les bonnes questions : Quelle est la configuration de la pièce existante ? Est-il possible d’acheminer des canalisations et surtout de prévoir les évacuations ? Les contraintes sont toujours plus importantes dans une habitation à réabiliter que dans un logement neuf. Je me permets de reproduire ci-dessous une partie de ce long article de Maison & travaux qui détaille « Les erreurs à éviter en aménageant une suite parentale ». J’y souligne en gras ce qu’il faut en retenir.

Les erreurs à éviter en aménageant une suite parentale :
« Trop souvent, l’envie d’une suite parentale design avec une baignoire centrale et un grand dressing nait à la suite d’un reportage dans un magazine de décoration… Avant de succomber à cette envie chic sur papier glacé et d’abattre les murs, il est indispensable de se poser les bonnes questions.
La première d’entre elles est simple : Pourquoi souhaitez-vous créer une suite parentale ? Cela peut paraître étonnant comme question, mais clairement la réponse apportée détermine en grande partie la suite de votre projet.En effet, si le « pourquoi » tient essentiellement à rentrer dans la norme des magazines déco, à moins d’être Crésus, cela n’est pas une raison suffisante ! Non. L’aménagement d’une suite parentale doit répondre à un vrai besoin familial surtout lorsque la place est comptée. Ainsi, avant de vous lancer dans de gros travaux, pesez bien le pour et le contre. Une suite parentale correspond-t-elle à vos habitudes de vie ? Ne vaut-il pas mieux créer une deuxième salle de bains indépendantes ouverte sur le reste de la maison plutôt qu’une salle d’eau privative ? Un placard intégré à la chambre n’est-il pas suffisant plutôt qu’un vaste dressing ? Toutes ces questions conjuguées amènent à une question principale : avez-vous vraiment besoin d’une suite parentale ? Si vos habitudes de vie vous poussent à répondre oui (levé décalé, gêne pour les enfants ou pour les parents, etc), alors la dépense se justifie. La question reste de savoir si le besoin est l’intimité ou la nécessité d’une seconde salle de bains… Si après toutes ces questions, la suite parentale reste d’actualité, faites les choses dans les règles de l’art. Bâtissez votre projet en fonction de la place disponible. Étudiez toutes les options possibles en terme de circulation, de dégagement, d’insonorisation, de tamisage de lumière, etc. Gardez toujours à l’esprit qu’une suite parentale avant d’être jolie et chic doit être pratique à vivre ! Si vous disposez de peu de place dans le cadre d’une rénovation, profitez de votre projet pour explorer de nouvelles options comme la création d’une extension, l’aménagement de combles en « étage parental » ou en « royaume des enfants ». Dans tous les cas, n’oubliez jamais qu’une suite parentale doit au minimum s’étendre sur 12 m² (8 m² minimum pour la chambre + 4 m² pour la salle d’eau), et que dans cette configuration minimale, le dressing doit s’imaginer dans une pièce distincte ou via des placards intégrés à portes coulissantes. N’oubliez pas également que le plus onéreux et le plus contraignant dans une suite parentale c’est la plomberie ! Faire venir une canalisation d’évacuation et une prise d’eau dans une pièce non équipée peut s’avérer périlleux voire impossible dans certains cas sans tout casser. Et qui dit pièce d’eau dit également ventilation efficace, sans quoi les murs ne tarderont pas à prendre l’humidité et à se dégrader.» Source : « Suite parentale : les questions à se poser avant de se lancer » sur Maison & travaux.

Quels aménagements pour une « suite parentale » ?

Outre la toilette et le sommeil, la troisième fonction de la suite parentale est le rangement. Pour dimensionner le dressing de façon optimale, il est indispensable d’évaluer au mieux le volume de vêtements et accessoires à ranger. Votre garde-robe se compose essentiellement de jeans et T-shirts ? Privilégiez les étagères. Vous vous transformez en princesse tous les samedis soirs ? Il vous faudra beaucoup de cintres et de la place pour les jupons bouffants ! Vous collectionnez les paires de chaussures (est-ce bien raisonnable ?) ? Pensez à adapter votre dressing en conséquence. Aménager un dressing comporte donc une première étape indispensable : le comptage de vos effets, qui vous permettra de déterminer le nombre de tiroirs, d’étagères et de mètres linéaires de penderie dont vous avez besoin.

dressing-bois-archea_w641h478Conçu comme une grosse boîte ouverte, tout en bois, un vrai grand dressing occupe un volume important de la suite parentale. Photo Archéa.

La suite parentale intègre aussi bien souvent un coin bureau, aménagé ainsi à l’écart de l’agitation familiale. Mais ne sous-estimez pas l’influence néfaste sur le sommeil. Agencez votre espace pour éviter que le regard ne porte du lit vers le bureau (et évitez évidemment de placer celui-ci à côté de l’oreiller)… Vous risqueriez de rêver de piles de dossiers à trier…

suite-parentale-chambre-loft-design-scandinaveCoin bureau astucieux, aménagé dans un renfoncement à l’angle de la chambre, sur Designmag.

La question du cloisonnement des espaces doit être étudiée avec soin, en fonction des habitudes de vie. Ne vous contentez pas de prendre en compte l’aspect visuel ; n’oubliez pas les possibles nuisances sonores qu’implique un espace partagé entre plusieurs fonctions. Je vous invite à relire, au sujet des solutions de cloisonnement entre salle d’eau et chambre l’article Pour ou contre la salle de bain ouverte sur la chambre et au sujet de la pudeur, la chronique « Baignoire dans la chambre, intimité au placard ».

suite-parentale-but_5682407Elégante suite parentale sous la charpente. La salle de bain est partiellement dissimulée derrière une verrière d’atelier. Photo But.

Les solutions apportées seront souvent le fruit de compromis entre les habitudes et les souhaits de chacun des deux parents. Mais le critère principal doit toujours rester celui de la préservation du sommeil, tant il est vrai que cette fonction vitale détermine l’équilibre non seulement du couple mais aussi du reste de la famille ! La question de la télévision dans la chambre pourrait aussi faire l’objet d’un article à part entière. Je m’en remets ici à votre sens de la mesure !

Lisez, vous vous ferez votre petite idée ! Pour susciter votre réflexion (à défaut de votre enthousiasme), je vous livre tel quel un extrait de l’article « Suite parentale : 100 propositions pour intérieur moderne » sur Designmag. Ca commence plutôt bien mais je suis très réservée sur la suite… Je me demande même si le journaliste ne confond pas la chambre à coucher avec une chambre d’hôtel, et je gage qu’il n’a qu’une très vague idée de la vie de famille ordinaire.

«Qu’une chambre de suite parentale soit grande ou petite, elle pourrait abriter plusieurs « coins » différents en fonction des intérêts du couple. Ainsi, cet espace peut comprendre un coin de travail avec petit bureau. Si le couple aime regardez la télé, il peut y aménager un coin cinéma pour partager des moments devant leurs films préférés dans une ambiance paisible. Quant à ceux qui aiment lire, ils peuvent aménager un coin confortable avec un canapé et même avec une bibliothèque contenant leurs livres préférés. Par ailleurs, les chambres dans les suites parentales disposent souvent d’une petite terrasse. Si vous avez la chance d’en avoir une dans votre suite, pourquoi ne pas la transformer en prolongement naturel de l’espace intérieur réservé à votre couple ? Vous vous demandez comment faire pour obtenir cet effet ? Voici quelques propositions. La salle de bains de la suite parentale peut ainsi devenir un petit spa où chaque époux peut prendre soin de soi et s’offrir un bain mousseux alors que son époux s’amuse avec les enfants dans une autre partie de la maison. En somme, il est important de considérer la salle de bains dans la suite parentale comme un espace dédié uniquement aux parents, afin que ceux-ci puissent s’y sentir à l’aise et reprendre leurs forces.» Source : « Suite parentale : 100 propositions pour intérieur moderne » sur Designmag.

un-mini-coin-salon_suite_parentaleUn mini espace salon dans la chambre (fauteuil, tapis, lampadaire, table basse) dans l’article. Photo Habitat.

lit-baldaquin-contemporain-ikea_w641h478Un voilage aérien en tête de lit sépare le lit baldaquin contemporain (Ikea) de l’espace salon très cocon (canapé agrémenté de coussins et plaids douillets). Photo Ikea.

D’autres articles pour en (sa)voir plus :

« Des idées déco pour une chambre cinq étoiles » sur Côté maison.

« 12 belles suites parentales » sur Côté maison.

« Suite parentale : des idées pour séparer la chambre de la salle de bains » sur Domozoom.

« Dans l’intimité de 40 jolies suites parentales » sur Elle maison.

« Avantages et inconvénients d’une suite parentale » sur Camif Habitat.

« Comment aménager une suite parentale ? » sur Houzz.

Pour conclure

Pour tous ceux qui auront lu cet article jusqu’au bout : Ne vous méprenez pas sur mon point de vue parfois cynique sur la « suite parentale ». Ce qui motive mon propos est d’ordre pragmatique (il faut bien tenir compte des contraintes techniques et budgétaires ; la confrontation du rêve avec la réalité est parfois douloureuse…) et d’ordre humain (la priorité des priorités est tout de même l’harmonie familiale ; l’agencement de la maison doit favoriser le bon fonctionnement de la famille). Si on pouvait pousser les murs et faire venir l’eau en tout point de la maison, l’idéal ne serait pas seulement la « suite parentale » mais la suite pour tous ! Je milite d’ailleurs pour la multiplication des salles d’eau dans les logements, sûre que la journée commencerait mieux pour tous si elle ne débutait pas par un encombrement devant la porte de la salle de bain !

La salle de bain pour tous, c’est possible, même dans les petits espaces !

Supplément novembre 2017 : Pour ou contre la double vasque ?

Gardons aussi le contact sur Instagram !