“Madame du blog” pourriez-vous, s’il vous plaît, maintenant, nous éclairer sur les ampoules ! Car j’en suis encore à “petit ou gros culot, à vis ou baïonnettes” et complètement dépourvue devant le rayon ampoules de MONSIEUR CASTO-BRICO-LEROY… Nos lampes ont parfois un air bien misérable avec certaines ampoules et en plus elles n’éclairent pas ! Merci ! Natalie

Chose promise, chose due: je réponds ici à la demande quasi-déserpérée de Natalie à la suite de mon article de juillet « Eclairer l’espace ». Je me doute qu’elle est loin d’être la seule à contempler longuement le rayon des ampoules, perplexe et hésitante… Cire ou paraffine ? Résine ou suif ? Huile ou pétrole ? Torche ou chandelle ? … Il faut pourtant bien se décider car pour ce rayon-là, c’est sûr, le changement c’est maintenant !

Ravissants tampons « Ampoules » imaginés par Dom qui m’a gentiment permis de reproduire cette photo. A découvrir sur L’art de la curiosité

Je vais tenter d’éclairer votre lanterne.

A. Commençons par la question la plus simple: culot à vis ou culot à baïonnette?

Question simple, réponse simple: le culot d’ampoule à utiliser dépend de la douille du luminaire ! Le système de culot à baïonnette étant le plus ancien, c’est évidemment pour les luminaires anciens (antiques ?) qu’on peut avoir besoin d’ampoules à baïonnette. Si vous avez chez vous de vieilles lampes à équiper, mieux vaut dores et déjà faire quelques réserves d’ampoules car les douilles à baïonnette  ne sont plus fabriquées; les ampoules à baïonnette seront donc très bientôt retirées des rayons. Après cette mort annoncée, il vous faudra remplacer les anciennes douilles de vos lampes par des douilles à vis*. Tous les luminaires modernes sont désormais équipés de douilles à vis, à gros ou petit diamètre en fonction de la taille de la lampe. C’est simple, pour choisir votre ampoule, il suffit de regarder la douille et de suivre la nomenclature suivante:

Sigles pour les culots les plus utilisés:
B22 = gros culot à baïonnette (diamètre 22mm). B comme baïonnette !
B15 = petit culot à baïonnette  (diamètre 15mm)
E27 = gros culot à vis (diamètre 27mm). E comme Edison qui développa ce modèle en 1909.
E14 = petit culot à vis (diamètre 14mm)
* Vous pouvez aussi trouver dans le commerce des adaptateurs qui permettent d’utiliser une ampoule à vis E27 sur un support de luminaire à baïonnette B22.

B. Passons maintenant à la question cruciale: ampoule à incandescence ou ampoule basse consommation ?

1. Les ampoules à incandescence = ampoules à filament = celles que vous avez toujours connues, sauf si, comme le petit Max, vous êtes un très jeune lecteur de ce blog ! Elles éclairent bien (sauf si on met une ampoule de 25W sur un plafonnier !); elles ne sont pas (trop) chères. Comme vous êtes bien élevés, disciplinés et soucieux du budget familial, vous pensez bien à éteindre la lumière chaque fois que vous sortez de la pièce, et vous avez raison. Mais, tant pis pour vous ! Les bien-pensants-écolos de ce monde alliés pour l’occasion aux industriels avides de nouveauté ont décidé que les bonnes vieilles ampoules à incandescence rimaient un peu trop avec dépense. Donc exit les filaments. Bon, soyons honnêtes, l’ampoule traditionnelle éclaire bien mais ne convertit que 5% de l’électricité qu’elle consomme en lumière ; les 95% restants se dissipent en chaleur. De toutes façons, vous n’avez plus le choix: il n’est déjà plus possible d’acheter des ampoules à incandescence 100W, 75W ni même 60W; les ampoules 40W ont théoriquement été retirées du marché (mais ont peut encore en trouver en rayon); quant aux 25W et 15W, elles sont aussi bannies depuis le 1er septembre 2012. La fin programmée des ampoules à incandescence sera effective à la fin de l’année 2012. Pour être exhaustive, j’ajoute que toutes les lampes à incandescence et halogènes non claires (dépolies, opales, blanches) ont été retirées du marché. Là encore, si vous voulez faire des provisions, précipitez-vous dans les enseignes de destock !

2. Les ampoules basse consommation = ampoules fluocompactes = celles qu’on voudrait absolument vous faire acheter sous prétexte qu’il faut préserver les ours blancs du réchauffement climatique et les pandas de la déforestation (OK, je mélange tout, mais c’est exactement la technique employée par nos intellectuels de tous bords pour faire de nous de bons petits soldats éco-citoyens). Alors, dixit la propagande, les ampoules à basse consommation sont « plus chères, mais cinq fois moins gourmandes en énergie et dix fois plus résistantes » et, dixit le ministère de l’écologie, « devraient représenter 25% du marché à la fin de l’année » (Comment, vous n’êtes pas encore passés à la basse consommation ? Vous êtes totalement has been !). Faisons le point un peu plus objectivement. Il est incontestable que les ampoules dites « basse consommation » durent plus longtemps que celles à filament et qu’elles consomment beaucoup moins que les ampoules classiques (en position allumée… Lapalissade ? Non, précision importante; voir ci-dessous)…

Gain d’énergie par rapport à une ampoule classique: 80%
Durée de vie théorique: 6 à 12 ans
Prix: 6 fois plus chères que les ampoules classiques

Mais voici tout ce qu’on ne vous dit pas:

  1. Les fluocompactes sont plutôt lentes à l’allumage, ne fonctionnent pas avec des variateurs d’intensité lumineuse et diffusent pour la plupart une lumière à peine digne d’un pensionnat soviétique… Avez-vous déjà essayé de broder à la lueur de ces nouvelles ampoules révolutionnaires ?
  2. Les fluocompactes sont peu gourmandes en énergie en position allumée… Oui, mais, chaque fois que vous appuyez sur l’interrupteur, alors là, la dépense énergétique grimpe à toute allure. Donc vous allez devoir apprendre, et surtout apprendre à vos enfants, qu’il est bien plus économique de laisser la lumière allumée toute la journée que d’éteindre en sortant ! Beau début pour un apprentissage des gestes écolos !
  3. Les fluocompactes sont toxiques: elles contiennent du mercure à l’état gazeux; si vous les cassez, elles libèrent leur substance toxique… très écolo tout ça ! (bien sûr, les ampoules fluocompactes étant recyclables, vous êtes priés d’apporter vos ampoules usagées dans les points de collecte… sans les casser ! Autant essayer de jeter une bouteille vide dans un container sans la casser…)
  4. Les fluocompactes émettent des ondes électromagnétiques: leur rayonnement les rend néfastes à une distance inférieure à 30cm (par précaution, compter 1 mètre minimum). Il est donc formellement déconseillé de les utiliser sur un bureau ou une table de chevet; je vous invite aussi à les tenir hors d’atteinte des enfants et à ne pas les utiliser dans leur chambre.
  5. Les fluocompactes ne sont pas non plus totalement inoffensives pour les yeux: elles fonctionnent comme un petit tube néon (celui qui éclaire peut-être encore votre garage…) enroulé sur lui-même. Que ce tube soit ou non protégé par un globe de verre supplémentaire ne change rien à l’affaire: l’ampoule émet la lumière par  un clignotement ultra rapide qui altère l’œil. Ce que vous pouvez observer sur un néon de grande taille est reproduit exactement de la même façon sur les  ampoules fluocompactes (mini néons) mais de façon si rapide que vous ne vous en apercevez pas. L’émission lumineuse est pourtant bien intermittente.

Alors ?  Toujours envie de faire place au progrès ?

3. Les ampoules halogènes à économie d’énergie = halogènes haute efficacité = celles que je vous recommande pour l’instant, avant que les normes européennes, toujours soucieuses de notre bien être, décident de nous priver ce cette source lumineuse décrétée moins économe que la fluocompacte. L’ampoule halogène fonctionne avec un filament de tungstène (comme l’ampoule à incandescence classique) protégé par un gaz halogène; elle produit une lumière vive mais est grande consommatrice d’énergie. Les récentes améliorations ont permis de réduire cette consommation grâce à un système de récupération de chaleur. Les ampoules halogènes que vous trouverez sur le marché sont donc maintenant dites « à économie d’énergie » ou « haute efficacité ». Pour les reconnaître, c’est facile: elles ressemblent à une ampoule classique mais le filament est enveloppé par une autre petite fiole de verre. Leurs avantages: lumière de bonne qualité, allumage immédiat, nombre illimité d’allumages/extinctions, aucune substance toxique pour l’environnement, prix raisonnable, disponibilité dans tous les types de culots et dans de nombreuses tailles et formes différentes. Leur principal inconvénient: bien que la déperdition de chaleur soit moins importante que pour les ampoules à incandescence classiques, les ampoules halogènes à économie d’énergie chauffent tout de même beaucoup donc risquent d’endommager les abat-jour; pensez à adapter la puissance (voir ci-dessous).

Gain d’énergie par rapport à une ampoule classique: 30 à 50 %
Durée de vie théorique: 2 à 3 ans
Prix: 3  fois plus chères que les ampoules classiques mais 2 fois moins que les fluocompactes

 4. Les LED = diodes électroluminescentes = l’éclairage de l’avenir en pleine expansion. Encore plus économiques et très durables, elles sont, nous dit-on, inoffensives… J’hésite encore entre le bénéfice du doute et le principe de précaution. Les LED sont déjà largement utilisées pour de nombreuses applications professionnelles. La recherche s’attache désormais à développer léclairage domestique et à augmenter l’intensité des LED. Je vous propose pour l’instant d’en rester là pour prendre un peu de recul… de toutes façons, vous êtes déjà fatigués de lire cet article trop long !

C. Le choix de la puissance

Encore une question qui nous laisse souvent perplexes ! La puissance de l’ampoule que vous choisissez doit bien sûr être adaptée d’une part à l’utilisation que vous souhaitez en faire, d’autre part à l’ambiance que vous recherchez. Pour une ambiance cosy, un éclairage ponctuel (bureau, chevet) ou une lumière tamisée, on choisira une puissance plus faible que pour éclairer une grande pièce par un plafonnier.

Mais là, ça se complique ! Vous aviez l’habitude de mesurer la puissance des ampoules en regardant le nombre de Watts sur l’emballage; eh bien, il va falloir changer vos habitudes ! Maintenant la puissance des ampoules ne se mesure plus en Watts mais en lumens… Mais qu’est-ce que c’est que les lumens ? Le lumen (symbole = lm) est l’unité de mesure du flux lumineux ou puissance lumineuse. Pour faire simple, le lumen mesure la luminosité visible. Elle n’est pas exactement égale à la puissance électrique (flux énergétique en W) car « le rayonnement émis par une lampe n’est pas intégralement visible : une grande partie est dans le domaine infrarouge, l’œil humain ne peut les percevoir » (source Wikipédia).

Ce qui intéresse maintenant nos grands champions de l’éco-citoyenneté c’est l’efficacité lumineuse = rendement lumineux = quantité de lumens par Watt = lm/W. Et bien sûr, vous aurez compris que l’efficacité lumineuse n’est pas du tout la même pour une lampe à incandescence  et pour une fluocompacte. D’où la conclusion quelque peu hâtive que la fluocompacte va nous aider à éviter le réchauffement climatique !

Bon à savoir tout de même (source Bio-espace):
Une bougie = 40Watts = 12 lumens : rendement lumineux = 0,3 lumens/Watt
Une lampe à incandescence de 40 W = 400 lm : rendement lumineux = 10 lm/W
Une lampe fluocompacte de 8 W = 400 lm : rendement lumineux = 50 lm/W

Bon, il faudra quand même s’y faire: efforcez-vous désormais de compter en lumens et d’éviter les références aux Watts. Si vous avez eu du mal à passer du franc à l’euro, vous apprécierez que les fabricants d’ampoules aient l’extrême bonté de soutenir leur aimable clientèle dans ce pénible changement: la puissance en Watts figure encore sur les emballages, avec en prime l’équivalence (approximative) avec la puissance électrique d’une ampoule classique à incandescence.  Je pourrais retranscrire ici un tableau d’équivalences mais celles-ci peuvent varier selon les marques et les modèles. Retenez plus simplement que, à peu de choses près (comme dirait Mary Poppins), il suffit de faire une multiplication pour obtenir la puissance de référence de nos bonnes vieilles ampoules à incandescence:

La puissance d’une ampoule halogène x 1,5 correspond à la puissance d’une ampoule à incandescence
La puissance d’une ampoule fluocompacte x 5 correspond à la puissance d’une ampoule à incandescence
La puissance d’une ampoule LED x 10 correspond à la puissance d’une ampoule à incandescence

Alors, bougeoir ou chandelier ?

Pour compléter cet article et parfaire votre jugement, je vous conseille l’article de Félicie Le Dragon sur le blog La déco de Félicie « Ampoules basse consommation entre culpabilisation et désinformation » (18 octobre 2009) que j’avais abondamment commenté, et celui de Jacques Boulesteix sur le blog Le Monde « Ampoules fluo-compactes : entre racket, danger et aberration technologique » (2 juillet 2009); 2 coups de gueule bien documentés.