Open spacing: action de créer des open spaces. Ai-je besoin de traduire ? Il s’agit de décloisonner au maximum les lieux de vie ou de travail, ce qui permet d’agrandir visuellement l’espace et de s’adapter aux modes de vie ou aux exigences professionnelles. Les pièces décloisonnées sont en principe structurées uniquement par le mobilier. L’idée a été lancée et appliquée dans le monde du travail il y a déjà plusieurs dizaines d’années: économies de locaux, facilité de déplacement dans l’entreprise, surveillance simplifiée du personnel… Autant de raisons qui, sous couvert de convivialité ont conduit comme on le sait à des situations humaines désastreuses… et au développement paradoxal de solutions de recloisonnement de l’espace !  Cette expérience professionnelle n’a pas servi d’exemple. Au contraire, il semble que le concept d’open spacing, utilisé pour les habitations, soit presque complètement déconnecté de la notion d’espace dans les entreprises. Le seul lien qu’on peut établir est le loft, grand espace d’habitation très ouvert, né de la transformation de bâtiments industriels en appartements.

Le mot clé de l’open spacing est l’ouverture. L’espace de vie doit être ouvert, de préférence meublé au minimum pour donner une impression d’espace.

La première pièce victime du décloisonnement dans nos maisons a été la cuisine. Pour des raisons bien compréhensibles de changements d’habitudes de vie (travail des femmes hors du logis, recherche de convivialité, participation à la vie de la famille pendant la préparation des repas), la cuisine a progressivement été ouverte sur la salle à manger puis sur le salon. Ces 3 pièces ont de plus en plus tendance à n’en faire qu’une. La preuve: on ne dit plus cuisine, salle à manger ou salon mais « living room » ou « pièce à vivre »… comme dans nos campagnes jusque dans les années 50 finalement ! Personnellement, je trouve cette tendance plutôt agréable: elle concilie l’aspect pratique (fini le long couloir haussmannien pour porter les plats de la cuisine jusqu’à la salle à manger…) et l’aspect sympathique (« assis au salon » ne se dit plus au féminin « debout dans la cuisine »!). C’est une solution particulièrement adaptée à l’optimisation des petits espaces. Lorsqu’on a un logement plus grand, il est souvent utile néanmoins de ne pas décloisonner totalement la cuisine pour préserver le reste de la maison des bruits, odeurs ou désordre qui riment souvent avec la préparation des repas.

C’est maintenant au tour de la salle de bain de faire les frais de la tendance à l’ouverture. L’équipement sanitaire des maisons a été largement bouleversé depuis les années 50: on est passé du simple point d’eau commun à une pièce dédiée à la toilette pour chaque logement, pour évoluer vers une multiplication des salles de bains (l’idéal étant qu’il y en ait une pour chaque chambre!). Si cette évolution est un progrès évident, il est à noter qu’elle reste encore un luxe

[lire la « Toute petite histoire de l’eau à tous les étages à Paris » dans l’article « Les salles de bain du musée Nissim de Camondo« ]. La dernière tendance consiste à faire disparaître partiellement ou totalement la séparation entre la chambre et la salle de bain. Cela est pour l’instant surtout observé pour les chambres parentales ou dans les hôtels, mais rien ne semble mettre de limite à cette drôle de conception de l’habitat… comme on l’a observé au dernier Salon Idéobain. Poser sa baignoire au pied de son lit peut, à mon avis, être amusant pour quelques jours, mais franchement, je n’y vois que des inconvénients à long terme pour l’entretien, pour l’aération de la pièce et surtout pour l’intimité! Et je suis à peu près sûre de ne pas changer d’avis sur le sujet dans les années à venir!  Le décloisonnement chambre/salle de bain me semble relever plus d’un concept intellectuel que d’une adaptation du logement à l’évolution des modes de vie.

Ceci dit sur la notion d’espace ouvert, passons maintenant à l’explication du « hiving », modélisation philosophique du concept d’open space… ou « Comment trouver une justification intellectuelle aux nouveaux agencements  domestiques rendus nécessaires par l’évolution des modes de vie ? ». Vous l’aurez compris, ce besoin de se torturer les neurones pour donner un nom à chaque concept m’énerve. Et ce qui m’énerve encore plus est l’utilisation systématique d’anglicismes. Mais puisqu’il faut bien en passer par là (ajustement ou démission de ma part ?…), je vais vous expliquer. Hiving vient du mot anglais hive, la ruche. Le hiving est avant tout un état d’esprit: la maisonnée est une ruche bourdonnante où chacun s’active dans un espace largement ouvert et harmonieux.  Le maître-mot est la convivialité: le logement est ouvert non seulement dans ses volumes mais aussi sur l’extérieur. Il est accueillant, on y invite famille et amis dans un esprit de partage. Comme je l’ai lu sur un site internet, c’est « l’auberge espagnole en plus chic et plus branché » ! La cuisine, ouverte sur la pièce de vie, occupe une place centrale: elle est conçue pour recevoir, on y prépare les repas en même temps qu’on y prend l’apéritif, on s’y installe pour travailler, on y papote entre amies… Le hiving est donc aussi l’art d’aménager son intérieur pour recevoir dans un espace fluide. Les pièces, organisées pour communiquer entre elles de façon à simplifier la circulation, doivent être meublées pour accueillir de grandes tablées. Place donc aux larges canapés confortables et modulables, aux grandes tables basses conviviales, aux frigo et fourneau généreux… Vous avez compris le principe ? Largement inspiré d’un nouvel art de vivre communautaire, le hiving n’est en réalité pas tellement plus qu’un retour aux sources. La bonne grande maison de famille en version XXIe siècle !

NB: en français, on dit « ruchonnage »; autant vous dire que ce mot ne traduit pas vraiment la convivialité qu’il est sensé exprimer. Alors, dites « hiving » pour être branché. Ou simplement « sens de l’accueil »: il vous guidera mieux que tous les grands principes conceptuels !

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Connaître les anglicismes de la déco: Open spacing, hiving, nesting, color zoning?