En préparant mon déménagement, j’ai retrouvé parmi mes livres de cuisine (oui, je sais, je les collectionne mais me cantonne à 2 recettes de gâteaux déclinées à toutes les saveurs…) un ouvrage « collector » : un livre de conseils domestiques pour jeunes « maîtresses de maison ». Mon exemplaire est daté du 4ème trimestre de 1969 mais la première édition date de 1965. 50 ans !
Je ne résiste pas au plaisir de vous mettre en appétit avec ces premières pépites croustillantes et je compte bien, dans de prochains articles, poursuivre avec vous la lecture pour un décryptage en règle des tendances avant-gardistes d’agencement, d’aménagement et de décoration d’il y a un demi-siècle. Hommage aux lectrices attentives qui furent les ménagères accomplies des années 1970…
« Maîtresse de jeune maison » est un ouvrage collectif de Jeanne Couturier, Georgette Gabey, Jacqueline Le Sénéchal, Monique de Lesseps, Anne-Marie Pajot, Lucienne Prats et Régine Signorini. Les illustrations sont signées par Jeanne Couturier, Claudine Maréchal et Thérèse Poinsenet… À savourer au second degré ou avec l’œil amusé des années écoulées.
« Votre maison ! Vous y rêviez déjà lorsque vous étiez petite fille… Demain, aujourd’hui peut-être, vous allez pouvoir dire « ma maison », « notre maison ».
Si vous l’imaginiez en rêve, c’est parce que vous saviez confusément que l’on peut donner une âme aux objets inanimés.
De l’ambiance que vous donnerez à votre « chez vous » dépendent en effet plus de choses que vous ne pensez. Les appareils ménagers bien sûr simplifieront vos tâches, vous feront gagner un temps précieux, mais c’est l’aménagement de vos pièces ou même de votre petite pièce de départ qui donnera le ton à votre vie nouvelle.
Maîtresse de jeune maison, éditions Hatier, 1965
« L’installation d’un grenier : le séjour ». L’optimisation des combles avant l’heure !
Au-delà des réalités sociologiques de cette époque très reculée (je parle en connaissance de cause, c’est l’année de ma naissance !) que l’on a souvent tendance à ringardiser par des clichés, je voudrais vous montrer l’étonnante modernité du propos, si facilement transposable 50 ans plus tard.
À regarder les illustrations, on pourrait presque croire ouvrir un magazine d’aujourd’hui tant les lignes du mobilier actuel copient celles des « fifties », « sixties » ou « seventies ». Le texte nous propose des solutions d’agencement tout à fait novatrices comme la réunion de 3 chambres de bonnes en un appartement, l’abattage de cloisons dans un « appartement ancien sans confort » ou l’aménagement de combles (dessin ci-dessus).
Je vous ferai découvrir aussi les audacieuses solutions proposées pour aménager un coin travail à la maison (oui, oui, les auteurs percevaient déjà les frémissements de l’explosion du travail à domicile) ou installer « un coin toilette à tout prix » (dans le paragraphe intitulé « Le confort n’est pas un luxe » !). Ceux qui voudront étudier de plus près la sociologie de l’habitat pourront encore trouver le livre en vente sur une célèbre plate-forme de vente par correspondance. Délectez-vous !
Jeune maison, oui, même dans de vieux murs, parce que votre manière de vivre n’est plus celle d’autrefois. Si notre époque, comme nulle autre peut-être, multiplie les études, les revues, les livres sur l’aménagement des logements, c’est qu’il s’agit là d’une évolution véritable de notre civilisation ; on vit moins chez soi, mais on y vit mieux, plus confortablement.
Dans les villes, le manque d’espace vital, les obstacles au bon équilibre nerveux que sont le bruit et l’entassement, ont amené architectes et décorateurs à tirer parti de locaux qu’on n’aurait jamais songé, naguère, à utiliser en habitation. L’on trouve ainsi moyen, non seulement de récupérer, mais de rendre attrayants les lieux les plus ingrats, depuis le grenier torride ou glacial jusqu’à la loge obscure du rez-de-chaussée.
Maîtresse de jeune maison, éditions Hatier, 1965
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