Au cœur du bocage vendéen se niche une toute petite abbaye, comme une miniature dans un écrin de verdure: le Prieuré de Grammont. Une bien agréable escapade en compagnie de ma fille cadette nous a menées toutes 2, la semaine dernière, à la découverte de cette abbaye du XIIe siècle. L’abbaye n’est plus « en service » mais les chants grégoriens résonnent encore sur les vieilles pierres par le truchement des hauts-parleurs…
Le Prieuré de Grammont, construit vers 1197 dans la forêt de Chassay, est le fruit de l’expansion rapide au XIIe siècle de l’ordre de Grandmont (fondé par Etienne de Muret vers 1075 et qui disparaitra totalement en 1772) . La règle de l’ordre des Grandmontains, calquée sur les Évangiles, prône le recueillement à l’écart du monde (d’où la situation très isolée de l’abbaye) et la pauvreté. La vie de dépouillement et de prière n’exclut cependant pas la protection de Richard Cœur de Lion et la constitution progressive d’un véritable trésor. Entre 1160 et 1180, les Grandmontains contribuent au succès des émailleurs de Limoges. Ces émaux limousins sont présentés dans l’ancienne cuisine du prieuré sous la forme d’une exposition photographique en relief (procédé de l’alioscopie).
Les magnifiques charpentes de l’hôtellerie et de la chapelle. La chapelle est constituée d’une nef unique se terminant par un chœur en hémicycle. On remarque au-dessus du chœur les restes d’une voûte d’arête à 8 quartiers rayonnant; au-dessus de la nef, la voûte, probablement détruite lors des guerres de religion, était en berceau brisé.
Le cloître rectangulaire étonne encore plus que le reste de l’édifice par ses très petites dimensions. Il ne reste malheureusement plus rien des 4 galeries couvertes, ni les arcades à arcs en plein cintre, ni les colonnettes jumelées semblables à celles de la toute proche Abbaye de la Grainetière (dont je vous parlerai plus tard; j’y ai pris aussi de belles photos). Le seul cloître de l’ordre grandmontain encore intact est celui du Prieuré Saint Michel de Grandmont dans l’Hérault.
La salle capitulaire
(petite pièce carrée où les moines se réunissaient quotidiennement en chapitre; ouverte sur le cloître) est particulièrement amusante: majestueuse par son architecture, elle fait néanmoins penser à une salle de classe maternelle avec sa banquette de pierre tout autour de la pièce !
Le réfectoire et la cuisine communiquent par un passe-plats double. Le beau film qui reconstitue l’abbaye primitive en images de synthèse permet de visualiser l’accès direct au puits et la monumentale cheminée qui occupait autrefois le centre de la cuisine: une cheminée centrale de conception ultra moderne !
« Entre ciel et terre »: Le Prieuré de Grammont abrite une magnifique exposition de photograhies de Jean-François Amelot. L’art roman y est célébré à travers les principaux sites de Vendée (dont le territoire appartenait au Moyen Age au Diocèse de Poitiers) riches en sculptures romanes: Maillezais, Vouvant, Benet, Saint Nicolas de Brem … De gigantesques photos de portails, chapiteaux et voussures sont présentées dans le cloître (ce qu’il en reste!), la chapelle, la salle capitulaire, le réfectoire et l’hôtellerie. Pierres parmi les pierres, elles animent pourtant ces lieux paisibles en nous faisant voyager dans le temps et le département !
Je ne résiste pas au plaisir de vous montrer quelques photos dans leur environnement millénaire (ou presque!); à voir aussi le bel escalier qui permettait aux moines d’aller du dortoir à la chapelle en passant par le cloître (10 mètres à parcourir à l’extérieur tout au plus!).
Le prieuré de Chassay-Grammont, tout petit dans la nature immense…
Durant l’été, les « Veillées du Prieuré » proposent une visite nocturne de l’abbaye et une veillée musicale autour du feu: un chœur de 5 voix d’hommes interprète les plus beaux chants sacrés dans ce cadre magique… A programmer absolument pour l’été prochain !
Avec l’Abbaye de Maillezais et l’Abbaye de Nieul-sur-l’Autise, le Prieuré de Grammont fait partie des 3 Abbayes du Sud Vendée restaurées par le Conseil général de Vendée.
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