8 avril 2011.
Virée touristique au centre du monde médiéval.
Pause brasserie en plein soleil sur ce parvis qui a vu passer 35 générations de pèlerins.
 
 

Sur la grande terrasse qui surplombe la ville basse de Chartres, au chevet de la cathédrale, l’ancien palais épiscopal (résidence des évêques) transformé en Musée des Beaux-Arts, est le passage incontournable pour tout touriste qui se respecte (après la cathédrale bien sûr!). Pour être plus précise, le guide distribué par l’office de tourisme le classe dans les sites incontournables, mais je n’y ai vu d’autre âme qui vive que le monsieur qui m’a vendu un ticket (à tarif  modique, je le concède) dans la majestueuse entrée de cet édifice des XVe, XVIIe et XVIIIe siècles, et les 2 surveillants rencontrés en sillonnant les salons d’apparat.

Mon regard de touriste (ce n’est que mon avis, mais je vous le donne tout de même pour ne pas vous faire perdre votre temps…): un ensemble de beaux bâtiments servant d’écrin à quelques pièces exceptionnelles perdues au milieu d’un désordre extrêmement hétéroclite et, pour l’essentiel, fort mal mises en valeur.

Si on aime les tableaux, on peut admirer quelques Vlaminck, des peintures flamandes et quelques autres que je n’ai pas su apprécier à leur juste valeur -malgré leur incontestable beauté attestée par l’accrochage dans un musée- puisqu’il est difficile de descendre un escalier en colimaçon tout en prenant le recul nécessaire à  l’admiration des dites œuvres…

A retenir: l’impressionnante collection de portraits de tous les évêques de Chartres (des origines jusqu’à nos jours) dans la chapelle où l’on accède par la belle salle « à l’italienne »; la pièce (qu’il serait plus juste de qualifier de couloir) exposant des statues de bois polychrome des XVe et XVIe siècles, véritables trésors si on les admire une à une, mais qui, disposées sans ordre apparent, donnent plutôt l’impression d’un triste dépôt-vente; les collections océaniennes si on a la nostalgie des îles (mais honnêtement, on se demande un peu quel Robinson a eu l’idée d’apporter coiffes et pirogues en ce lieu); le salon Gabriel Loire qui présente de très beaux dessins (noir & blanc) du célèbre artiste chartrain (né en 1904 et décédé en 1996), surtout connu pour être un remarquable maître-verrier (en couleurs!). La salle du trésor de la cathédrale présente d’exceptionnels objets liturgiques: croix de procession, reliquaires, navette à encens, crosses des évêques, pyxide… La plupart des objets, fabriqués à Limoges au XVIIIe siècle, sont en argent repoussé, émail champlevé (à forte dominante de bleu, comme les vitraux de la cathédrale) et cristal de roche. La plus belle pièce du palais épiscopal est à mon avis le salon de musique. on peut y admirer une très belle collection d’instruments de musique à cordes pincées ou frappées: 2 clavecins à décor peint, une épinette dite « aile » de la fin du XVIIe siècle, 2 pianoforte anglais (fin XVIIIe), un autre fabriqué à Paris en 1807 et une régale en table joliment peinte à l’intérieur (XVIIIe). Les amoureux de la musique pourront aussi découvrir à l’entrée du musée 15 instruments fabriqués à partir des 307 représentations d’instruments de musique présents dans la cathédrale de Chartres (sur les vitraux, les sculptures et la clôture du chœur). Plus d’infos sur Chartres Patrimoine

Représentation du labyrinthe de la cathédrale sur une terrasse

Lexique:

Émail champlevé: technique où l’orfèvre utilise une plaque de métal assez épaisse, généralement du cuivre, dans laquelle il creuse les alvéoles qui recevront l’émail ; il enlève donc d’importantes parcelles de métal. Les cloisons sont formées par les parties du métal épargnées par ce travail, qui reçoivent ensuite une dorure au mercure. L’émail champlevé fut surtout pratiqué aux XIIe et XIIIe siècles dans la région rhéno-mosane et en Limousin. (Source: www.louvre.fr).
Epinette « aile »: l’épinette ou espinette (de l’italien spinetta) est, comme le clavecin, un instrument à clavier et à cordes pincées; la particularité de l’épinette comparée au clavecin est que les cordes ne sont pas perpendiculaires mais obliques par rapport au clavier; l’appellation « aile » désigne une épinette de fabrication française ou flamande et fait référence à la forme d’aile du coffre de l’instrument (par opposition à l’épinette « à l’italienne » de forme pentagonale).
Pianoforte: le pianoforte (mot italien invariable) est l’ancêtre du piano actuel; instrument à clavier et à cordées frappées, au contraire du clavecin dont les cordes sont pincées, il a été inventé au XVIIIe siècle.
Pyxide: boîte dans laquelle on met les hosties pour porter l’Eucharistie aux malades.
Régale en table: Orgue portatif fabriqué et utilisé de la Renaissance au XVIIIe siècle (la régale -ou indifféremment le régale- désigne un des jeux de l’orgue).
Salle « à l’italienne »: cette dénomination désigne en principe la forme semi-circulaire des salles de théâtre inspirées du modèle antique italien, construites en France à partir du XVIIe siècle; au musée des Beaux-Arts de Chartes, le plan de la salle dite « à l’italienne » est carré mais la pièce est surplombée par un très beau balcon en fer forgé de forme arrondie. C’est un lieu de concerts.

Mon inspiration déco:

Piocher ça et là dans le musée quelques éléments du décor: un beau parquet « Versailles », un clavecin à décor bucolique. Ajouter des rideaux et des coussins de Toile de Jouy et de belles lampes romantiques (celles proposées par L’esprit des lumières conviennent parfaitement au style). Ecouter un quintette de Boccherini. Et se laisser bercer par le charme du décor provincial d’un petit salon de musique XVIIIe.

MUSEE DES BEAUX-ARTS DE CHARTRES
29, cloître Notre-Dame
28000 Chartres
Tel : 02 37 90 45 80
Plus d’infos sur le site de la Ville de Chartres
 
NB: Attention! La fermeture du musée à l’heure du déjeuner laisse peu de temps en matinée pour profiter vraiment de toutes les œuvres présentées; c’est sans doute la raison pour laquelle je n’ai pas su les apprécier à leur juste valeur!
 

Un prochain article sera consacré à la Vitraillerie Loire, fondée par Gabriel Loire, une merveille d’art dans un cadre charmant au bord de l’Eure.

Chartes, sanctuaire du monde