Zélie, le magazine numérique 100% féminin 100% chrétien, m’a interrogée sur le sujet Ô combien controversé de la taille du logement idéal. Je vous invite à lire l’interview dans ce numéro de septembre 2016 et, pour celles qui ne le connaissent pas encore, à découvrir Zélie qui fête ce mois-ci son premier anniversaire !

Cliquer ici pour lire « Petits ou grands logements » dans Zélie n°12 pages 15 & 16

 

En matière d’espace habitable, on est en plein paradoxe : plus de la moitié des ménages envisagent d’occuper un logement plus grand que leur logement actuel et disposer d’espace est considéré comme un luxe dans un environnement à forte concentration urbaine, mais le développement spectaculaire des « tiny houses » confirme le proverbe français « Un petit chez soi vaut mieux qu’un grand chez les autres »…

Je réponds aux questions de Zélie :

  • Qu’est-ce qui influe sur la taille de notre logement ?
  • La taille du logement a-t-elle une valeur relative ?
  • Quels conseils donner à une personne célibataire, à un couple, à une famille, à des personnes âgées concernant la taille de leur logement ?
  • Dans une vision chrétienne, comment envisager l’accueil au sein du logement ?

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La-Tiny-House-0016-2La « tiny house » française : la toute petite maison qui roule ! Une minuscule maison de bois remorquée par une 2 CV. Site internet du fabricant français La tiny house (photo Tiny house giant journey).

Quelques chiffres pour aller plus loin :

 

Ce que dit la loi : la notion de « logement décent » :

  • En France, la surface de l’ensemble des logements, neufs et anciens, est régie par le décret n°2002-120 du 30 janvier 2002 « relatif aux caractéristiques du logement décent » dans les rapports locatifs.
  • Tout logement doit disposer d’au moins 1 pièce principale de 9m² ou 20m³ (une pièce de superficie inférieure à 9m² est acceptable si sa hauteur sous plafond est suffisamment élévée pour porter son volume à au moins 20m³).
  • Logements neufs : « La surface et le volume habitables d’un logement doivent être de 14m² et de 33m³ au moins par habitant prévu lors de l’établissement du programme de construction pour les quatre premiers habitants et de 10m² et 23m³ au moins par habitant supplémentaire au-delà du quatrième. »
  • La notion de décence ne concerne pas seulement les chiffres de la surface et du volume habitable mais aussi l’état sanitaire du logement. Le règlement sanitaire départemental peut également prévoir des normes de décence plus strictes que la loi.

Ce que dit l’INSEE : la notion de « logement surpeuplé »

  • Surpeuplement : le caractère surpeuplé d’un logement est déterminé en fonction de critères dépendant du nombre de pièces et de la surface.
  • Le nombre de pièces nécessaire au ménage est décompté de la manière suivante : une pièce de séjour pour le ménage ; une pièce pour chaque couple ; une pièce pour les célibataires de 19 ans et plus ; pour les célibataires de moins de 19 ans : une pièce pour deux enfants s’ils sont de même sexe ou s’ils ont moins de sept ans ; sinon, une pièce par enfant.
  • La superficie nécessaire au ménage est de : 25 m² pour une personne seule vivant dans un logement d’une pièce (= les logements d’une pièce de plus de 25 m² occupés par une seule personne sont exclus de la catégorie des logements surpeuplés), 18 m² par personne pour les autres ménages (= les logements offrant moins de 18 m² par personne sont toujours considérés comme surpeuplés).

Ce que nous apprennent les chiffres de l’INSEE (statistiques 2013) :

  • La taille moyenne des logements en France métropolitaine est de 91m² (stable depuis 12 ans ; taille maisons 112m² en hausse / taille appartements 63m² en baisse).
  • Mais la multiplication notamment des ruptures conjugales a fait diminuer le nombre moyen de personnes par logement (2,7 à 2,3 entre 2001 et 2013).
  • Résultat la surface moyenne en m² par personne atteint plus de 45m² dans une maison (45,1m²) et plus de 32m² en appartement (32,4 m² ; 31m²/pers à Paris).
  • La taille des pièces a tendance à augmenter au cours du temps (sauf celle des cuisines).
  • Le nombre moyen de pièces a peu varié en 20 ans (entre 1984 et 2013, le nombre de pièces par individu est passé d’1,5 à 2 en moyenne dans les maisons, et d’1,3 à 1,5 dans les appartements).
  • Logiquement, plus on avance en âge, plus on a de la place. Les plus de 65 ans disposent en moyenne de 60 m² par personne contre 30m² pour les moins de 30 ans.
  • Les personnes seules occupent en moyenne 30m² de plus que celles qui cohabitent (couples, familles, colocataires).
  • En 20 ans, chaque personne a gagné 10m² !
  • Les locataires vivent dans des logements plus petits que les propriétaires (en 2006, la superficie de leurs logements était de deux tiers inférieure à celle des propriétaires). 58 % des ménages soit près de 6 ménages sur 10 sont propriétaires de leur résidence principale.
  • 9,5% des ménages de France métropolitaine (2,7 millions de ménages) sont concernés par le surpeuplement (estimation basse qui ne prend pas en compte les étudiants).
  • Ce sont les ménages les plus jeunes qui habitent le plus souvent dans des logements surpeuplés : 21 % des ménages dont la personne de référence a moins de 30 ans.
  • Le surpeuplement  concerne 16 % des ménages en habitat collectif. Il est beaucoup plus rare en habitat individuel.
  • Le surpeuplement touche 21% des ménages à Paris contre 9% en moyenne dans les villes de plus de 100.000 habitants.

« Ce dont l’homme moderne a besoin, c’est d’une cellule de moine, bien éclairée et bien chauffée, avec un coin pour regarder les étoiles. » Le Corbusier, cité par Alain de Botton, dans L’architecture du bonheur.

 

Comment choisir la superficie d’un logement ?

 

On observe une différence importante entre le minimum légal requis et le minimum acceptable aux yeux de l’INSEE, mais cela permet de donner des repères :

  • Pour une personne seule, le minimum légal est de 9m² (logements anciens) ou 14m² (constructions neuves) alors que le mimimum convenable (logement non surpeuplé selon l’INSEE) est de 25m². Une surface de 10 à 20m² conviendra pour un étudiant (en ville) dont la situation est transitoire et le budget restreint. Un logement de 20 à 40m² conviendra pour un célibataire, jeune professionnel. Dans les petits espaces, c’est l’agencement et l’aménagement qui comptent : les aménagements astucieux permettent de gagner de la place.
  • Pour 2 personnes, le minimum légal est de 28m² (constructions neuves) alors que le mimimum convenable (logement non surpeuplé selon l’INSEE) est de 36m². Un couple pourra se construire un « nid douillet » dans 30 à 50m². Les petits espaces favorisent l’intimité !
  • Pour 4 personnes, le minimum légal est de 56m² (constructions neuves) alors que le mimimum convenable (logement non surpeuplé selon l’INSEE) est de 72m².
  • Pour 6 personnes, le minimum légal est de 76m² (constructions neuves) alors que le mimimum convenable (logement non surpeuplé selon l’INSEE) est de 108m². Notez que traditionnellement, la « chambre parentale » est la plus grande mais c’est une convention (12m² correspondent à la superficie minimum pour un lit 2 places plus un lit de bébé) ; en réalité, les enfants ont plus besoin d’espace que les parents !

La répartition des pièces est au moins aussi importante que la superficie totale :

  • Plus que la superficie, c’est l’agencement intérieur qui importe. 2 logements de superficie identique peuvent avoir une distribution des pièces très différente donc être plus ou moins pratiques, plus ou moins logeables. Certaines pièces sont des plus qui ne peuvent se substituer aux chambres (buanderie, dressing, petit bureau). Le nombre de pièces doit permettre à chacun de disposer d’un espace d’intimité.
  • Il est nécessaire de réfléchir aux fonctions attribuées aux pièces, c’est à dire au ratio entre usage et superficie. Est-il logique de réserver 12m² à une salle à manger utilisée seulement occasionnellement ? Est-il logique de réserver la plus grande chambre aux parents ? L’espace occupé doit si possible être proportionnel à son taux d’utilisation.
  • Mon conseil pour éviter une trop grande perte de place en pièces de circulation et sanitaires : les
    pièces de vie – séjour et chambres- doivent représenter au moins 60% de la surface totale du logement (ou 70% si on ajoute la cuisine aux pièces de vie).

« Contente-toi de ce qui suffit pour une vie sobre et simple – sinon tu ne seras jamais apôtre. » Saint José Maria Escriva de Balaguer, Chemin

 

La naissance des « tiny houses » :

 

Le « Small house movement » (mouvement des micro-maisons) est un mouvement social et architectural prônant la simplicité volontaire par l’habitation de petites maisons. Aux Etats-Unis, la taille moyenne d’une maison pour une famille était de 165m² en 1978 et est passé à 230m² en 2007, malgré la baisse de la taille des familles. Le « Small house movement » est né en 1998 de la volonté de réduire la taille des maisons à moins de 1000 pieds² soit 93m² (source Wikipedia). En 2002, la « Small house society » est créée pour « soutenir la recherche, le développement et l’utilisation de petits espaces de vie qui favorisent une vie durable » (source « Small house society »). En 2005, à la suite des conséquences dévastatrices de l’ouragan Katrina, nait la « Katrina cottage », maison provisoire de 30m². Le mouvement des toutes petites maisons mobiles est lancé !

« Les gens demandent souvent ce qui définit une petite maison. À notre connaissance, il n’y a pas ensemble des lignes directrices pour déterminer quand une maison est considérée comme petite ou grande. Un espace qui pourrait être considéré comme faible pour une famille de quatre serait grande si une seule personne y vivait. L’objectif est pour chaque personne de trouver l’espace de bonne taille qui correspond à leur niveau de vie et le confort. (source « Small house society »)

tinyhousegeneral0182_LovelydwellingJolie roulotte en pleine nature (photo Lovely dwelling)

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