Je suis une fidèle de l’émission télévisée « Chasseurs d’appart’  » qui, en dépit des inévitables polémiques entre agents immobiliers participant et production, est à la fois divertissante et très instructive d’un point de vue sociologique. On y apprend notamment, au fil des émissions, que les potentiels acheteurs sont nombreux à rechercher une cuisine ouverte mais aussi une « suite parentale ». Cette tendance correspond-elle à une simple mode ou à une changement profond des habitudes de vie ? Commençons le décryptage par définir la « chambre parentale ».

Qu’est-ce que la « chambre parentale » ?

chambre-coloris-doux-accessoires-planete-deco-5-12-14-australieUne jolie chambre parentale, décorée dans des coloris doux de beiges et de gris (vue sur le blog Planète déco)

Traditionnellement, on réserve aux parents la pièce la plus spacieuse, au motif évident qu’ils sont 2 à l’occuper. La « chambre parentale » est donc la plus grande du logement. Mais cette attribution me paraît être une convention pour le moins arbitraire. En France, la loi stipule que tout logement doit disposer d’au moins 1 pièce principale de 9m² ou 20m³. Une chambre doit donc mesurer 9m² minimum (ou 20m³ si il y a une grande hauteur sous plafond ; vous pouvez relire à ce propos l’article « Petits ou grands logements »). La superficie de la chambre des parents doit permettre d’y placer un lit double (minimum 140 x 190 et jusqu’à 180 x 200) et de circuler autour. On estime que 12m² correspondent à la superficie minimum pour un lit 2 places plus un lit de bébé ; voilà pour la taille communément admise pour une chambre parentale. Dans les logements neufs, on trouve donc en général une chambre de 12m² plus 1, 2 ou 3 chambres de 10m² à peine, placard compris… il est donc logique de garder la plus grande pour y placer le lit double. Mais si on a la chance d’avoir au moins 2 chambres de bonne taille, il faut se poser sérieusement la question de la répartition en fonction de la composition de la famille. Car, en réalité, les enfants ont plus besoin d’espace que les parents ! Que font la plupart des parents dans leur chambre à part occuper le lit ?! Et que font donc les enfants dans la leur : dormir, jouer, travailler… Pas simple de jouer aux Playmobil dans 9m² !

Alors il faut un peu de bon sens et beaucoup de dévouement (n’en faut-il pas pour être parent ?) pour s’avouer que la répartition des chambres ne sera peut-être pas celle que l’on aurait sécrètement souhaitée et que la chambre parentale ne sera sans doute pas celle que l’agent immobilier (soucieux de séduire ses acheteurs potentiels) voudrait nous attribuer. Sachez raisonner en termes de fonctionnalité et non seulement de confort ! Si les enfants doivent partager une chambre à 2 ou 3, autant que ce soit la plus grande. Pensez aussi qu’il vaut parfois mieux regrouper les enfants dans une chambre pour la nuit (façon dortoir) pour libérer dans une autre chambre un espace de jeu suffisant (vive la salle de jeux !).

Dans l’excellent article du blog Superliposés « Garder la meilleure pièce pour vos enfants », Aurélie nous dit : « En offrant la plus grande chambre à vos enfants vous leur permettez d’y créer leur monde, vous mettez tout à disposition pour qu’ils puissent y faire un maximum de leurs activités, sans que votre salon se transforme éternellement en salle de jeux ou bureau d’étude. » Elle nous donne aussi ses « astuces pour vous contenter d’une plus petite chambre pour les parents » : choisir un lit plus petit (aïe, pour une fille du Nord ça va être un peu compliqué !), une armoire pont (pas très Feng-shui mais efficace), le lit-coffre (parfait pour les valises, le linge et les vêtements hors saison), avoir moins (« less is more » ou comment se simplifier la vie). »  J’ajoute à cette liste non exhaustive la possibilité de choisir à la place du lit 2 places un vrai bon canapé-lit, dit « couchage quotidien », qui transformera la journée votre chambre en petit salon cosy et n’entammera en rien le confort de vos nuits.

La question de fond est philosophique ! Soit, comme l’architecte Jean Nouvel, vous postulez qu’« un beau logement est un grand logement » (idem pour la chambre des parents), soit, avec l’économiste Schumacher, vous vous appropiez le « Small is beautiful » (bon, pas trop petit tout de même…). Mais la philosophie n’exclut ni l’esthétique ni l’esprit pratique. Alors pensez FONCTIONNEL ! La plupart du temps, l’harmonie d’une pièce dépend plus de l’agencement astucieux que du nombre de mètres carrés. Si vous avez du mal à vous imaginer dans plus petit, dites-vous que les petits espaces favorisent l’intimité et faites appel à un conseiller pour vous aider à aménager votre nid douillet !

À bientôt pour la suite… parentale !